Ce fut un pri­vi­lège extra­or­di­naire d’as­sis­ter à un concert de la légen­daire Tori Amos, qui s’est tenu jeu­di soir dans la salle emblé­ma­tique de L’O­lym­pia à Paris. L’at­mo­sphère était char­gée d’eu­pho­rie, les fans atten­dant avec impa­tience une per­for­mance qui pro­met­tait de célé­brer la vie de Tori Amos et l’illustre car­rière de cette artiste énig­ma­tique et influente.

La multi-talentueuse artiste

L’ex­ci­ta­tion pal­pable dans l’air nous amène à nous poser la ques­tion sui­vante : pour­quoi Tori Amos est une figure si impor­tante dans la musique ? Plon­gez dans sa longue et influente car­rière et décou­vrons pour­quoi sa musique vaut le détour.

Tori Amos est une icône musi­cale dont l’im­pact sur la scène rock alter­na­tive des années 90 est inéga­lé. Pia­niste pro­dige, elle a com­men­cé à per­fec­tion­ner son art dès son plus jeune âge, fai­sant preuve d’une pas­sion pro­fonde pour la musique.

À l’âge de cinq ans, Amos est entré dans l’his­toire en deve­nant la plus jeune élève jamais admise à la pres­ti­gieuse école de l’U­ni­ver­si­té de l’É­tat de New York, le Pea­bo­dy Ins­ti­tute. La jeune fille a sui­vi les cours de la divi­sion pré­pa­ra­toire du conser­va­toire. Cepen­dant, son séjour s’a­chève brus­que­ment à l’âge de onze ans, lorsque son pen­chant pour le rock et la musique alter­na­tive s’op­po­saient à l’o­rien­ta­tion clas­sique de l’ins­ti­tut.

Sans se lais­ser décou­ra­ger, Amos a conti­nué à pour­suivre sa pas­sion. Dans les années 80, elle par­ti­cipe à divers groupes de musique. Ce n’est qu’à la fin de la décen­nie qu’elle s’est tour­née vers une car­rière solo.

Le pre­mier album d’A­mos, Lit­tle Ear­th­quakes, a été une réa­li­sa­tion révo­lu­tion­naire. Sa sen­si­bi­li­té poi­gnante et ses thèmes nova­teurs comme le fémi­nisme, la poli­tique, les agres­sions sexuelles et les crises iden­ti­taires, ont été une véri­table bouf­fée d’air frais. Le titre puis­sant Cru­ci­fy résume une crise exis­ten­tielle, explo­rant la dou­leur que la socié­té nous inflige lorsque nous remet­tons en ques­tion notre exis­tence même :

Nothing I do is enough for you… Why do we cru­ci­fy our­selves ?

L’as­cen­sion d’A­mos s’est pour­sui­vie avec la sor­tie de Under the Pink, avec des suc­cès alter­na­tifs tels que Corn­flake Girl, qui met­tait l’ac­cent sur les thèmes de la tra­hi­son fémi­nine et de la com­plexi­té des rela­tions entre amis dans la vie. Un autre titre remar­quable, God, avec laquelle elle a ouvert le concert à Paris, qui défie le patriar­cat reli­gieux et remet en ques­tion la dyna­mique tra­di­tion­nelle du pou­voir.

Son album sui­vant, Boys for Pele, a ren­for­cé le sta­tut d’A­mos en tant que l’une des voix fémi­nines les plus impor­tantes des années 90. Des titres mar­quants tels que Caught a Lite Sneeze et Hey Jupi­ter a mon­tré sa maî­trise des mélanges d’ex­pé­riences per­son­nelles avec une ima­ge­rie mythique et spi­ri­tuelle. Le titre de l’al­bum lui-même et une réfé­rence à la déesse hawaïenne des vol­cans, Pele, a été un hom­mage au pou­voir des femmes.

Au fil des ans, Amos a conti­nué à cap­ti­ver le public avec sa dis­co­gra­phie variée. Par­mi les albums les plus connus, citons Scarlet’s Walk (2002), un album concep­tuel reflé­tant un voyage à tra­vers l’A­mé­rique au len­de­main des atten­tats du 11 sep­tembre ; The Bee­kee­per (2005), une explo­ra­tion intros­pec­tive de l’a­mour, de la perte et de la spi­ri­tua­li­té ; et Native Inva­der (2017), une œuvre pro­fon­dé­ment per­son­nelle qui aborde les pré­oc­cu­pa­tions envi­ron­ne­men­tales et la com­plexi­té des rela­tions humaines.

Son dernier album

La car­rière de Tori Amos ne montre aucun signe de ralen­tis­se­ment, avec son der­nier album, Ocean to Ocean (2021), qui témoigne de son talent artis­tique. Pro­fon­dé­ment influen­cée par la perte de sa mère et par l’i­so­le­ment subi pen­dant la pan­dé­mie Covid, Amos a enre­gis­tré l’al­bum en Cor­nouailles, où la soli­tude lui a per­mis de faire une intros­pec­tion sur la perte, la rési­lience, et la déter­mi­na­tion à per­sé­vé­rer.

Entou­ré par la mer, Amos a déve­lop­pé un lien pro­fond avec la nature, qui est pal­pable tout au long des mor­ceaux de l’al­bum. La chan­son titre, Ocean to Ocean, aborde les ques­tions de socié­té et le chan­ge­ment cli­ma­tique de manière plus directe, avec des paroles poi­gnantes comme.. :

There are those who don’t give a god­damn
That we’re near mass extinc­tion
There are those who never give a god­damn
For any­thing that they are brea­king
There are those who only give a god­damn
For the pro­fit that they’re making

Une soirée magique

Pen­dant le concert, ce titre est appa­ru comme un moment mar­quant. L’é­mo­tion du pia­no et la voix d’A­mos a cap­ti­vé le public. Le plai­sir sin­cère qu’elle éprouve à jouer était évident tout au long de la soi­rée, alors qu’elle trans­met­tait sans effort sa pas­sion pour la musique.

À l’is­sue de cette soi­rée inou­bliable, la finale du concert a four­ni une pous­sée d’éner­gie élec­tri­sante avec un rap­pel phé­no­mé­nal des chan­sons les plus emblé­ma­tiques d’A­mos, Corn­flake Girl et Pre­cious Things.

Au moment où Amos a enton­né les pre­miers accords de la chan­son Corn­flake Girl, la salle entière s’est mise à applau­dir, les fans se levant d’un bond à l’u­nis­son. L’éner­gie exal­tante de la foule était pal­pable, attei­gnant son paroxysme pen­dant le pont de la chan­son, alors qu’A­mos s’a­mu­sait à chan­ter : Rab­bit, where’d you put the keys, girl ?

Pour ter­mi­ner la soi­rée, Amos a inter­pré­té avec force l’in­con­tes­table Pre­cious Things. Son exé­cu­tion magis­trale des notes agres­sives stac­ca­to a fait fris­son­ner le public.

Nous vous invi­tons à nous rejoindre dans cette explo­ra­tion d’ar­tistes qui uti­lisent leurs pla­te­formes pour abor­der des ques­tions socié­tales urgentes et créer un art qui touche le cœur des gens.