La photographie de mode après la 2GM : histoire d’un art
La photographie de mode est un outil important pour les marques de mode, mais c’est aussi une forme d’art à part entière. Explorons l’histoire et l’évolution de la photographie de mode au XXe siècle, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, avec les artistes visuels les plus importants de l’époque.
Les images que nous choisissons dans l’industrie de la mode ont une importance majeure dans tout l’univers de la marque. Elles véhiculent dans la plupart des cas la première impression que nous avons d’un produit, d’une ambiance, d’une collection, d’une saison…
Nous avons déjà parlé des origines et des premiers pas de la photographie de mode dans le monde entier. notre article précédent. Nous poursuivons aujourd’hui notre voyage après la Seconde Guerre mondiale, jusqu’aux années 90, hyper créatives.
Irving Penn rejoint l’équipe de Vogue peu avant les années 50. Il se distingue par son style caractéristique : il ne prend des photos qu’en studio, sans autre accessoire ou arrière-plan que la tenue qu’il veut mettre en valeur. Il est passé maître dans l’art des toiles de fond en papier, des compositions saisissantes et des angles dramatiques.
Il a photographié des personnalités importantes telles que Picasso, Woody Allen ou Yves Saint Laurent…
Il était capable d’exprimer une intimité remarquable dans ses portraits, ce qui était très rare pour les grands noms qu’il photographiait.
Richard Avedon est l’un des artistes qui a contribué à définir l’image du style, de la beauté et de la culture de l’Amérique. Dans le cadre de son travail pour le magazine Harper’s Bazaar, il a créé la photographie qui allait changer sa vie, intitulée Dovima with elephants.
Il a emmené une énergie américaine en France et s’est fait connaître pour son talent à trouver de nouvelles façons de photographier la mode.
Norman Parkinson a poussé la photographie de portrait et de mode au-delà de la rigidité formelle de ses prédécesseurs et a injecté une élégance facile et décontractée dans l’art.
Ses photographies ont créé l’ère du top model et ont fait de lui l’artiste de prédilection des célébrités, des artistes, des présidents…
Il a été le photographe attitré de personnalités telles qu’Audrey Hepburn, les Beatles, Twiggy, Grace Coddington, David Bowie, Iman, Jerry Hall…
David Bailey s’est intéressé à la photographie d’Henri Cartier-Bresson après avoir servi dans la Royal Air Force. Sa première incursion officielle dans le monde de la photographie de mode a été sa nomination au British Vogue en 1960.
Il est resté associé au magazine, d’abord en tant que collaborateur, puis en tant qu’indépendant pendant plus de 15 ans. Son utilisation d’arrière-plans noirs et blancs, de cadrages serrés et d’éclairages précis a conduit à une nouvelle ère de la photographie de mode, faisant de lui l’un des artistes les plus importants des années 60.
« C’était les années soixante, c’était une époque de folie, et Bailey était incroyablement beau. Il était tout ce que vous vouliez qu’il soit – comme les Beatles mais accessible – et lorsqu’il a été mis sur le marché, tout le monde s’y est mis. Nous nous tuions toutes pour être son modèle, même s’il s’est rapidement mis en couple avec Jean Shrimpton ». Grace Coddington, ancienne directrice de la création du Vogue américain, à l’époque où elle était mannequin.
Au cours de la prochaine décennie, nous pourrons mettre en évidence le nom de Guy Bourdin. Sa carrière est passée de peintre à photographe, explorant les mouvements d’avant-garde des années 70, associant le surréalisme à l’art érotique et à la haute couture.
Il était le protégé du photographe surréaliste Man Ray, et ses expériences avec la technique Super 8 sont notoires.
Bourdin utilisait des polaroïds pour préparer ses prises de vue, mais il en intégrait également certains dans ses clichés finaux pour créer un effet de superposition. Cette technique de placement d’une image dans une image est ce que les Français appellent la « mise en abyme ». Bon nombre de ces expériences avec des polaroïds ont en fait été réalisées dans le cadre de campagnes publicitaires très originales pour le créateur de chaussures français Charles Jourdan dans les années 1970.
Helmut Newton a été le premier à photographier des femmes et des hommes dans un style androgyne, brouillant ainsi la frontière entre les deux et précédant les tendances de style unisex que nous voyons briller aujourd’hui.
Il a été un pionnier dans la traduction de la photographie de mode en un art érotique, avec un style différent de celui de Guy Bourdin. Il a été publié dans Vogue, Playboy, Elle ou Hapreer’s Bazaar.
Pour clore le 20e siècle, nous devons parler de Steven Meisel. Il a créé un style à part, particulièrement visionnaire, percutant et provocateur.
Meisel a découvert et popularisé de nombreux mannequins, maquilleurs et designers influents, tels que Naomi Campbell, François Nars, Ross Van Der Heide, Christy Turlington, Laura Mercier, Linda Evangelista…
Il est le dernier artiste visuel révolutionnaire du 20e siècle. Son travail sur la communication de la sensualité a brisé de nombreux obstacles à la libération sexuelle des femmes et de la communauté LGBT dans les années 90. Il a ouvert la voie à de nombreux autres artistes du 21e siècle.
Son travail le plus remarquable concerne le Vogue italien et Madonna, notamment pour son livre SEX, un projet qui a brisé de nombreux stéréotypes et encouragé la liberté dans le contexte de l’épidémie de sida et d’une société excessivement conservatrice à l’époque.