Clère Paris : Le sac de la parisienne
En 2020, Pauline avait terminé ses études en communication et design graphique. Un an plus tard, elle dessinait déjà le prototype de son premier sac. De la communication et du graphisme à la création d’une nouvelle ligne d’accessoires. De freelance à femme d’affaires. Découvrez toute l’histoire de la marque Clère Paris et de sa fondatrice, Pauline Leclère.
À partir de 2020, après avoir quitté l’école, elle a commencé à travailler en freelance, ce qui revient déjà à posséder sa propre petite entreprise. Au contact de ses clients et dans sa vie de tous les jours, elle s’est rendu compte que son sac n’était pas assez adapté à ses véritables besoins.
Pas assez de place pour son ordinateur portable et son matériel de travail, pas assez résistant pour contenir ses affaires, impossible de le mettre sur le dos en cas de besoin…
Le marché offrait deux grandes options : un sac super chic et délicat, inutile pour le vrai travail ou un sac à dos hideux, super utile mais pas adapté à un usage quotidien au travail. Deux options extrêmes qui ne correspondent pas aux besoins d’une femme moderne. Une femme qui prend les transports en commun, le vélo, qui va à la salle de sport, qui travaille avec son ordinateur portable…
Le marché ne semblait pas adapté aux femmes qui travaillent. Et cela ne semblait pas avoir de solution, ni dans sa garde-robe, ni dans aucun magasin et elle ne pouvait trouver ce qu’elle cherchait. Alors, elle a choisi une nouvelle voie : le créer.
Elle avait besoin d’un sac polyvalent complet, à utiliser du matin au soir, pour toutes les différentes activités de la vie, du bureau à la culture, au sport… Un produit qui soit avant tout fiable et toujours prêt et adaptable.
Nous vivons à Paris, nous prenons le métro, le vélo, le train… nous n’avons pas le temps de changer de sac. C’est un engagement envers les femmes qui travaillent, un sac qui dure longtemps et que vous pouvez personnaliser avec des accessoires pour toutes les occasions qui peuvent se présenter dans votre vie.
Alors, comment est-ce arrivé ? Elle n’avait aucune formation en design de mode, mais une histoire familiale très artisanale a fait le meilleur pour son projet. Avec un père sculpteur sur métal et une mère peintre, l’artisanat manuel et l’entrepreneuriat n’étaient pas nouveaux pour Pauline.
Elle a eu l’idée de ce dont elle avait besoin, avec de superbes dessins, des concepts justes et une vision claire. Alors, avec du papier et des ciseaux, elle a commencé à construire chez elle un premier prototype, s’écartant des nombreux dessins qu’elle avait réalisés jusqu’à cette date.
Élégant, fonctionnel, modulable. Les trois mots clés de son projet. Un sac élégant avec suffisamment d’espace et de protection, qui peut être transformé en sac à dos d’un simple geste.
Durant l’été 2021, elle a présenté le projet et les prototypes à l’incubateur Creative Valley. Puis, elle commence à rencontrer des entreprises, à trouver des partenaires dans la mode, à visiter des salons comme Première Vision… Son rêve est en passe de devenir réalité.
Et autour de son projet, la notion de durabilité apparaît facilement. Un sac unique est forcément une idée durable. Un sac qui reste plus longtemps dans votre vie, qui ne se remplace pas, qui s’adapte à la plupart de vos besoins. Cette philosophie est nécessaire de nos jours.
Quand on parle du développement de son projet, cela a été le plus gros obstacle pour elle. La quantité minimale par commande exigée par les fabricants, soit 100 pièces. Malheureusement, c’est quelque chose d’assez courant dans l’industrie de la mode et l’un des plus grands obstacles auxquels les créatifs doivent faire face.
Pour pouvoir passer les commandes, elle a lancé une campagne de financement participatif en juin 2022, sur la plateforme Ulule, afin qu’elle puisse également démontrer un effet de levier pour un prêt.
Une fois son projet financé et en route, il lui a fallu choisir le bon matériau, une question difficile quand on parle de sacs. Nous avons donc eu une conversation enrichissante sur quelque chose de controversé aujourd’hui : le cuir.
Pourquoi finalement du cuir et pas un substitut végétal ?
Le cuir est en fait le plus résistant du monde. Sur le long terme, il peut être nettoyé, réparé, entretenu, etc.
Elle se positionne sur l’opinion à long terme selon laquelle le cuir peut provenir d’animaux, mais il est moins polluant s’il est utilisé longtemps. Une grande partie du cuir serait gaspillée si elle n’était pas utilisée pour la mode, car il s’agit souvent d’un reste de l’industrie alimentaire.
La question du cuir dans la mode est assez complexe. Dans toutes les options, il y a des points positifs et négatifs. Nous pourrions écrire et éventuellement faire un article entier sur le cuir et toutes les alternatives vegan existantes aujourd’hui.
Pauline a choisi un cuir italien qui a la certification du groupe de travail du cuir, qui garantit le bien-être animal, en évitant la déforestation et la perte de biodiversité. Cette organisation comprend de nombreux sous-groupes axés sur tous les impacts possibles dans la production du cuir, parmi lesquels :
- LWG Animal Welfare Group, enquête sur le bien-être animal et l’approvisionnement en cuir.
- LWG Environmental Impact Working Group, fournissant des informations sur la recherche pour aider à réduire l’impact de la chaîne d’approvisionnement en cuir
- La Tannerie LWG du Futur, fait des vérifications dans les sites de production pour connaître l’impact environnemental
- WG Traceability Working Group, qui suit la chaîne d’approvisionnement de cuir dans ses usines
Cette décision, avec l’usine pour produire son sac, a été difficile à prendre. A titre d’exemple, un vendeur avait dit qu’il allait obtenir la certification, mais finalement ne l’a pas fait et n’a pas postulé. D’autres ont changé les références de nombreux types de cuir et au final, elle n’a pas pu avoir les couleurs qu’elle souhaitait pour son projet.
Finalement, elle a trouvé la bonne usine en Tunisie, avec un atelier de prototypage à Paris. Cela a été très utile pour la marque, car il est habituel d’envoyer de nombreux prototypes différents et d’apporter quelques modifications avant que le produit final ne soit terminé. Cela évite beaucoup de déplacements.
La doublure vient d’Italie, et la décision a été qu’elle serait synthétique, car elle est plus facile à nettoyer, étant une surface que nous utiliserons quotidiennement.
Pour les accessoires, elle souhaitait utiliser de l’acier inoxydable, mais c’était très difficile à trouver. Elle utilise donc pour le moment des accessoires en laiton fabriqués en Ardennes, région de France, d’où elle est originaire, stimulant les entreprises locales de la région.
Dernièrement, la question s’est posée de savoir pourquoi ne pas réaliser toute la fabrication en France. La principale réponse était le prix.
Je me suis informée à tous les niveaux, j’ai tout recherché. Bien sûr, ce n’est pas le produit idéal, mais c’est le meilleur produit que je puisse lancer aujourd’hui. Le meilleur à mon échelle et avec les valeurs que j’ai comme base.
Au terme de ce voyage d’un an et demi, elle a trouvé un bon compromis. Pour ses valeurs, ses objectifs, ce qu’elle voulait communiquer. Une victoire pour son projet, une nouvelle marque créatrice de valeur pour les personnes actives.
Ses derniers mots, sur l’entrepreneuriat :
Nous pouvons tout faire aujourd’hui. Finalement, on apprend tout lorsqu’on est entrepreneur, plus que dans un master ou dans n’importe quel autre domaine.
Elle n’avait pas d’autre choix que de tout apprendre.
Et elle l’a fait.
La voici, avec le premier sac qu’elle ait jamais fabriqué, après des années de projet. Un souvenir spécial et le rêve devenu réalité.